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Adriano Oliva OP

Lettura critica di:
Lectura romana fratris Thome in primum Sententiarum

(Parigi 2.XII.2006)

Contributo di Adriano Oliva OP, presidente della Commissione Leonina (= comitato d'edizione critica delle opere di Tommaso d'Aquino). Tocca direttamente la materia di Iacopo di Ranuccio, specie §§ 1 e 2, e suo aggiornamento. Semplice bozza di testo, utilizzata per conferenza tenuta da Oliva in Parigi, "Journée St. Thomas" sabato 2 dicembre 2006. Me ne invia copia l'autore, 7.XII.2006. Nessuna esplicita e formale titolazione.

«Allego una mia lettura (critica) della Lectura romana: sabato 2 dic. '06 ho presentato il libro [= THOMAS AQUINAS, Lectura romana in primum Sententiarum Petri Lombardi, ed. † Leonard E. Boyle OP and John F. Boyle, Toronto 2006]. Ciò che allego sono note, a partire dalle quali ho parlato a braccio: si tratta di un testo frammentario. A braccio, per esempio ho evocato il suo articolo su Ranuccio. Ma nel contesto volevo mettere in evidenza l'opinione di Leonard Boyle (che potremmo dire: il primo Leonard Boyle, a riguardo della alia lectura)».

Minuscole correzioni inviatemi il 7.I.2007. Grazie.

Testo sintetico e tenore discorsivo di conferenza; intessuto tuttavia di minuziose valutazioni critiche. Capace per lo meno di suscitare ulteriori analisi e riflessioni su un caso appassionante. Mia la formulazione del titolo, e la suddivisione del testo in sezioni numerate (facilita consultazione e rinvii).

Emilio Panella, Firenze genn. 2007

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1. En 1980, dans Mediaeval Studies, le P. Hyacinthe Dondaine – qui travaillait alors à l’édition du commentaire parisien de Thomas sur le Ier livre des Sentences – publia un article qui avait par titre «‘Alia lectura fratris Thome’? (Super I Sent.)» avec point d’interrogation.

Au cours de l’article, il répondait à cette question par la négative: non. Leonard Boyle se trouvait alors au Pontifical Institute de Toronto. Ayant lu l’article et étant convaincu par Dondaine, il avait été remettre la revue à la Bibliothèque et était en train de rentrer dans sa chambre quand il eut une illumination qui le poussa à étudier la question et à écrire son propre article [Alia lectura fratris Thome, «Mediaeval Studies» 45 (1983) 418-29], dans lequel, à la question posée par Dondaine, il répondit par l’affirmative: oui.

Ce que je voudrais montrer aujourd’hui, c’est qu’il y a des motifs qui font qu’à la question «Y a-t-il une alia lectura fratris Thome?», je répondrais «sic et non». Ou, un peu plus précisément, mais non pas plus clairement, je dirais: peut-être oui et certainement non.

Et maintenant il me faut expliquer cette énigme. 

2. Il faut avant tout partir de la genèse du problème.

Voici comment se présentent les choses. Le P. Bataillon, travaillant en février 1958 dans la Bodleian Library, est tombé sur le Ms Lincoln College 95, contenant le Commentaire parisien de Thomas sur le Ier livre des Sentences. Les marges de ce manuscrit ainsi que les gardes antérieures et postérieures, présentaient des nombreux passages d’autres textes, complémentaires du Commentaire parisien de Thomas.

Ce genre de phénomène se rencontre dans nombre d’autres manuscrits. Moi j’ai pu le constater en préparant la description des 76 manuscrits qui transmettent le commentaire de Thomas au Ier Livre. Le P. Bataillon m’a communiqué qu’il le constate habituellement dans les manuscrits de la Somme de théologie: on leur met des apparats.

Ce fait a une origine bien précise, que L. Boyle, dans son article de 1983, a bien indiquée: c’est le fait d’un clerc, qui, ayant à commenter les Sentences, se fournit d’un commentaire préexistant, celui de Thomas dans notre cas, et pour ne pas le répéter mot à mot, le complète avec des textes du même auteur, mais tirés d’autres ouvrages, ou bien avec des textes d’autres auteurs.

Montrer les photos du ms de Oxford et de celui de Naples avec des notes d’autres auteurs.

En cela, donc, le manuscrit d’Oxford, Lincoln College 95, n’a rien de particulier. Ce qui, en revanche, le sépare de tous les autres manuscrits connus qui ont ces mêmes caractéristiques est le fait que certaines notes ne sont pas suivies du nom de leur auteur, comme on a vu le cas de Pierre de Tarantaise ou de Bonaventure, mais ces notes sont suivie de l’indication (l’indiquer sur le tableau): «secundum aliam lec. fris. t.», «s. a. l. f. t.», qui a été lu par tout le monde jusqu’ici «secundum aliam lecturam fratris thome».

3. Cette indication, comme le montre le livre de Leonard et John Boyle [THOMAS AQUINAS, Lectura romana in primum Sententiarum Petri Lombardi, Toronto 2006], ne se trouve que 11 fois dans ce manuscrit.

Cependant, ces deux auteurs se sont sentis obligés de les attribuer toutes (il y en a une centaine) à cette alia lectura.

Et ils ont appelé cette alia lectura, lectura romana, car le plus ancien des biographes de Thomas dit que celui-ci a commenté les Sentences à Rome, au début de son enseignement à Sainte-Sabine, avant d’entamer la rédaction de la Somme de théologie.

Or, je veux bien supposer que si ces passages étaient tirés d’une alia lectura, celle-ci pourrait être ce commentaire romain de Thomas, mais il faut admettre qu’il s’agit d’une pure conjecture: la liaison de ces deux éléments est purement hypothétique. Je trouve donc que c’est un peu forcer les données que d’intituler cet ouvrage: Thomas Aquinas, Lectura romana in primum Sententiarum Petri Lombardi.

4. Comme je viens de le dire, seulement 11 des textes ici édités sont mis en relation avec cette phrase: «secundum aliam lec.<turam?> fris. t.».

Mais cette phrase se réfère à ces textes de façon ambiguë.

La première attestation se trouve au f. 2vb: il s’agit d’une feuille de garde antérieure, sur laquelle sont écrits plusieurs articles, dont deux concernent la dist. II et à la suite de ces deux articles on lit:

«isti articuli possunt poni in distinctione secunda primi libri secundum aliam lec.<turam> fratris t.».

C’est la phrase qui a fait retourner Leonard Boyle à la Bibliothèque: en effet, Dondaine avait pensé que «alia lectura» devait se référer au texte du second commentaire (qu’on appelle dans ce livre «commentaire romain»), tandis que, dans cette phrase, il est clair que l’Anonyme qui écrit «alia lectura» veut indiquer le texte parisien, à l’intérieur duquel ces articles peuvent être inséré.

Il y a un second emploi de «alia lectura» dans ce sens, au f. 30v mg., en relation à la dist. 9.2.

Or dans tous les autres cas, cette indication abrégée «par apocope» (presque toujours «s. a. l. f. t.») est mise à la fin des textes auxquels elle se réfère et semble donc indiquer que ces passages copiés dans la marge proviennent de l’«alia lectura» qui indiquerait dans ce cas le second commentaire, appelé romain.

Il y a en outre un cas, f. 123vb, où, au-dessus du titre de l’article est écrit: «D. ija. secundum aliam lecturam», ce qui est très ambigu, car cela peut indiquer les articles qui suivent ou le texte parisien lui-même.

Cela a été relevé par Leonard et John Boyle, mais sans qu’ils en donnent une explication à notre avis satisfaisante.

J’ai analysé les textes auxquels ces 11 indications se réfèrent: ces passages ne sont pas recopié à partir d’autres ouvrages de Thomas. Ils ont des lieux parallèles dans la Somme ou dans le commentaire parisien des Sentences, mais ils ne sont pas recopiés d’autres ouvrages connus.

En revanche, plusieurs autres passages copiés dans les marges par ce même copiste, plusieurs, mais non tous, se trouvent identiques dans d’autres ouvrages de Thomas, le plus souvent contemporains de la période romaine de Thomas: le Compendium theologiae, le De uirtutibus, le De potentia, mais aussi le De ueritate, le Quodlibet VII.

C’est surtout à partir de cette constatation qu’Hyacinthe Dondaine avait terminé son article en disant: «il reste peu d’espoir de trouver appui dans le manuscrit d’Oxford pour l’hypothèse d’un second Commentaire thomiste du premier livre des Sentences».

5. La position de Leonard et John Boyle consiste en revanche à affirmer que tout ces passages sont tirés de la «alia lectura», et que donc Thomas aurait utilisé ce commentaire «romain» pour rédiger des articles d’autres ouvrages. Cela je ne le juge pas impossible. Mais il est loin d’être certain que tous ces passages copiés dans les marges soient tirés de l’«alia lectura».

Dans la marge d’un folio de garde (1v), sur lequel est écrit un article qui serait le quatrième de la dist. II de l’«alia lectura», le copiste qui écrit ces notes fait une remarque. Dans le corpus de l’article il sépare avec un signe de paragraphe le texte qui précède de celui qui suit. Et dans la marge il écrit «preter quod dictum fuit a Thoma». John Boyle écrit que cela signifie: «ce que Thomas a dit à Rome est au-delà (preter) de ce que Thomas a dit à Paris», car la réponse de Rome est plus développée que le commentaire parisien.

Mais en vérité cela ne tient pas compte du signe de paragraphe inséré à l’intérieur du texte et qui indique le point où commence un passage qui est identique au texte du Compendium theologiae. Pour John Boyle cela n’est pas important, car, toute la suite de la responsio est identique à plusieurs passages du Compendium, mais le copiste anonyme ne les identifie pas un par un avec un signe de paragraphe. Donc cette observation doit se référer au commentaire.

Cette observation, en revanche, est très intéressante. D’une part, car les passages identiques ici et dans le Compendium, se suivent ici l’un l’autre, alors que dans le Compendium ils se trouvent parfois dans des chapitres différents et, en outre, il s’agit d’unités d’une ou deux lignes, dont l’écriture, en raison de ses contenus, n’aurait pas été très difficile par Thomas. Cela montre donc plutôt la dépendance de cet article 4 du Compendium que le contraire.

Et comment interpréter cette note «preter quod dictum fuit a thoma (outre cela, Thomas a dit)» sinon comme une introduction qui ajoute à une source, l’alia lectura (?), une autre source, le Compendium?

6. Je termine en observant qu’il ny a pas d’élément pour affirmer que tous ces passages annotés dans les marges du ms oxonien sont tiré de la alia lectura de Thomas, comme le proposent leurs éditeurs.

Dans se sens, donc, à la question «Y a-t-il une alia lectura fratris Thome?», je répondrais «pour certains de ces texte marginaus peut-être oui; pour d’autres, certainement non».

Pour pouvoir parler de lectura romana, il faudrait pouvoir exclure d’autres hypothèses, car la liaison entre cette indication «secundum aliam lec. fratris thome» et le commentaire romain dont témoigne Ptolémée de Lucques n’est qu’une hypothèse.

Je trouve surtout que le prologue général par lequel s’ouvre cette édition et les quatre articles sur le statut de la théologie comme science, qui le suivent immédiatement, dépendent des textes et de la doctrine de Thomas, mais qu’ils s’en éloignent, et dans le plan et dans le style et dans les idées.

Déjà Gilles Emery aussi bien que J.P. Torrell avaient mis en doute que certains textes pourraient être attribués à Thomas, car ils manifesteraient une position qui s’oppose à celle des Sentences qui est reprise dans le De potentia, qui est de peu postérieur à l’enseignement romain de Thomas.

Je constate la même chose dans le plan des articles du prologue du commentaire des Sentences et le plan de la Somme.

Cette édition a le grand mérite de mettre à notre disposition l’intégrité des textes inédits de l’«alia lectura» qui, à mon avis, remontent vraisembablement à Thomas d’Aquin  – mais pas nécessairement à son enseignement romain.

Cette édition a un vice de fond, qui est celui de pousser le lecteur à considérer ces passages comme s’ils étaient des copies fidèles du texte du commentaire romain de Thomas, en oubliant complètement l’œuvre de compilation que fait celui qui s’apprête à commenter les sentences à l’aide du commentaire parisien de Thomas intégré de ces passages marginaux.

Ce livre utile résulte un peu malencontreux, car il prétend attribuer à Thomas d’Aquin l’œuvre de ce clerc anonyme qui s’apprêtait à commenter les Sentences (clerc que Leonard Boyle, dans son article de 1983, avait identifié avec Iacobus Raynucii da Castelbuono, qui a été possesseur de ce manuscrit, qui a vécu à Sainte-Sabine dans les années 1280 et qui en 1273 avait été lecteur en Umbrie, à Città di Castello).

Je crois que c’est à ce clerc anonyme que revient l’œuvre de compilation de ces passages et surtout le prologue et les articles sur la théologie comme science.

Merci de votre attention.

 Adriano Oliva OP


ADRIANO OLIVA, Les débuts de l’enseignement de Thomas d’Aquin et sa conception de la sacra doctrina, avec l’édition du prologue de son Commentaire des Sentences. “Bibliothèque thomiste“ vol. 58, Paris (Vrin) 2006, pp. 416.

Recensione di EP, «Memorie domenicane» 38 (2007) 260-61.


Andrea di Buonaiuto da Firenze, capitolo SMN_est, s. Tomm. d'Aquino (1365-67): Veritatem meditabitur guttur meum (Prov. 8,7)
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